Oui aux partenariats heureux-méditerranéens plutôt qu’euro-méditerranéens ?
Oui aux partenariats heureux-méditerranéens plutôt qu’euro-méditerranéens ?
A plusieurs reprises (par exemple en 2016 lors du colloque de Rabat organisé par l’Université de Bordeaux ou en 2015 lors du colloque du LM-DP), il a été donné au pr. Touzeil-Divina de développer l’idée selon laquelle l’expression d’euro-méditerranée devait être prise, dans le cadre du LM-DP en particulier, avec quelques pincettes ou précautions linguistiques car elle induit, selon son auteur, quelques présupposés.
En ce sens, voici un extrait de la RMDP IV, dans lequel l’auteur écrit :
Méditerranéen & non « Euro-méditerranéen ». Nous profitons en outre de cette mise au point liminaire pour rappeler notre dégoût pour une expression encore trop souvent employée politiquement ou dans les médias, mais aussi en Droit. Nous ne parlerons en effet pas de l’espace euro–méditerranéen qui sous-entendrait que l’Europe serait organisée politiquement au septentrion (nord) et non méditerranéenne alors que le Machreq et le Maghreb seraient seulement méditerranéens et au midi. Notre objet d’étude ne sera donc pas l’Europe ou l’Union Européenne et le reste du monde, mais la Méditerranée dans son unité et sa diversité[1].
En effet, si l’on veut bien comprendre l’aspect pratique du terme « euro-méditerranéen » en ce qu’il traduit une réalité politique (un engagement dynamique de l’Union Européenne notamment suite (en 1995) à la déclaration de Barcelone et à la constitution du partenariat « euro-méditerranéen » au sein de l’Union Pour la Méditerranée, on demeure convaincu qu’il entraîne et véhicule davantage d’inconvénients et de sous-entendus néfastes. Parler d’Euro-méditerranée plutôt que de Méditerranée est effectivement réducteur car divisant et opposant – essentiellement – le nord et le sud (sans d’ailleurs mentionner l’est et l’ouest), mais encore comme étant trop centré sur les rapports économiques euro-centrés et surtout géopolitiquement concentrés dans une dimension nord-sud qui n’est pas sans évoquer un écho colonialiste par lequel seul le Nord européen apporterait au sud (essentiellement maghrébin). Géographiquement, par ailleurs, le terme est ambigu sauf à considérer que toute l’Union européenne est méditerranéenne (Suède comprise) ce qui est évidemment faux. Bref, nous estimons le terme a minima maladroit sinon trop clivant plutôt qu’unifiant.
Nous préfèrerons donc parler
d’heureux(se)-méditerranée !
[1] Nous nous sommes également exprimés en ce sens lors d’un colloque rabati organisé les 11-12 avril 2016 : Outils, méthodes et partenariats de la coopération euro-méditerranéenne.